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La rentrée est là, fleurissent les colchiques et les festivals de spectacle vivant. Avec le Festival d'Automne à Paris notamment, et la Biennale de la Danse lyonnaise d'autre part. Tandis qu'à l'autre coin de l'Hexagone, à Biarritz, c'est la vingt-huitième édition du festival le Temps d'Aimer la Danse qui se profile. Pour dix jours à sillonner la ville, entre plein air et salles. Au menu de cette édition 2018: une vingtaine de spectacles, récents ou inédits, locaux ou internationaux. Carolyn Carlson, Yuval Pick, Oona Doherty, Sidi Larbi Cherkaoui, Hillel Kogan, Béatrice Massin et Pierre Rigal… Autant de chorégraphes à retrouver cette année. Par ailleurs, l'une des particularités du Temps d'Aimer consiste à cultiver une proximité entre publics et acteurs. Si chaque soirée propose des spectacles payants, chaque après-midi se déploie en représentations gratuites, répétitions publiques, déambulations, rencontres… De quoi embrasser joyeusement la fabrique de la danse. Festival le Temps d'Aimer la Danse 2018: Biarritz célèbre la diversité chorégraphique Côté spectacles, le Temps d'Aimer 2018 permettra notamment de retrouver Fractus V (2015) de Sidi Larbi Cherkaoui.
Les 21 artistes en scène déploient une pièce sur le fil: profondément lumineuse tout autant que mélancolique, saisissante par sa puissance collective même si les ténèbres ne sont jamais bien loin. À l'image de notre monde? Si l'on parlait d'un festival joyeux en début de papier, Biarritz ne vit pas dans une bulle et tout le monde a entendu, au fil du Temps d'aimer, les annonces d'annulation ou de restriction de spectacle à Nice ou Bordeaux. Le plaisir de retrouver l'art vivant se mâtine ainsi d'un arrière-goût d'inquiétude, à se demander si le festival marquant le début de saison n'en signalerait pas aussi la fin. Mais c'est aussi dans ces situations que le spectacle vivant se montre plus que jamais indispensable. Beethoven 6, malgré son ambivalence, a un pouvoir apaisant et rassérénant formidable, et ce spectacle fut un moment de respiration et de beauté bienvenue. Beethoven 6 (extrait de La Pastorale) de Thierry Malandain - Malandain Ballet Biarritz Le Malandain Ballet Biarritz, avant de retrouver la scène quelques jours plus tard, a proposé un court aperçu du spectacle au Parc Mazon, sur le terrain de pelote basque, unique lieu cette année des représentations publiques.
Une sorte de journaliste chorégraphique qui sait admirablement choisir ses musiques - supports déchirants de la musique de Schubert notamment pour Fossile, où il évoque les marées noires, la destruction de la nature, tandis qu'il s'érige dans Walls contre les blocages érigés par les mouvements planétaires des migrations contemporaines, qui créent les problèmes que l'on sait, et montre un Trump éructant, lequel n'est pas sans rappeler la fameuse Table verte de Kurt Jooss. Il y a toujours une pointe d'humour dans ces grandes brisures dramatiques, avec une intense poésie dans les pas de deux, une frénésie morbide, une peur latente, et aussi une sorte d'espoir d'amour et de fraîcheur comme l'image finale de Fossile les deux héros, survivants de divers cataclysmes, s'y retrouvent figés, en tenue d'Eve et d'Adam, juste vêtus de feuillages, image symbolique puisée dans quelque Dürer mâtiné de renaissance italienne. Dire que les œuvres de Martin Harriague sont parfaites serait exagéré mais l'on y pénètre avec intérêt, on ne s'y ennuie jamais et leur force nous touche, autant que quelques images inoubliables.
Avec plus de quatre-vingts créations, au fil des ans, Thierry Malandain a fait évoluer sa compagnie, lui donnant une ouverture de plus en plus internationale tout en gardant les valeurs humaines qui lui sont propres. Samedi 15 Septembre, avec le départ au promenoir de la Grande Plage, les danseurs du Malandain Ballet Biarritz proposeront une déambulation avec vingt miniatures comme autant de bougies disséminées dans des lieux de la ville et, le soir, un bal sera organisé sous la houlette du danseur Arnaud Mahouy. Mais, en attendant que le rideau se lève, préparons nos papilles et nos yeux au programme de ces dix jours de festival.
Une pièce pour cinq danseurs inspirée par les travaux du linguiste Noam Chomsky. Le chorégraphe israélien Hillel Kogan rejouera We Love Arabs (2013). Une danse d'autodérision et d'humour pour respirer un peu dans les relations tendues entre Israéliens juifs et arabes – jusque dans les catégories. Tandis que la chorégraphe Irlandaise Oona Doherty présentera Hope Hunt and the Ascension into Lazarus (2015). Une analyse pointue des stéréotypes comportementaux; un regard sans condescendance sur les codes en partie imposés par des structures sociales tolérant mal les mélanges socio-économiques. Tandis que le chorégraphe Yuval Pick présentera Playbach / eddies (2010 / 2015). Deux pièces imprégnées de musiques — celle de Johann Sebastian Bach pour Playbach; celle du compositeur contemporain Samuel Sighicelli, pour eddies. Des dizaines de spectacles et évènements: plongée dans la fabrique de la danse Parmi les autres spectacles, tout aussi prometteurs, Carolyn Carlson et Marie-Agnès Gillot ouvriront le festival avec la soirée Embers to Embers.