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Né à St-Etienne en 1970, Jean-Pierre Ruel grandit à Lyon ou il obtient son diplôme aux Beaux-Arts en 1993. Il poursuivra sa voie aux Beaux-Arts de Paris ou il aura la chance dit-il, d'avoir Vladimir Velickovic, artiste Serbe, comme mentor. (Ce dernier a exposé à l'espace d'Art Contemporain St-Martin à Montélimar durant l'été 2010). Les œuvres de Ruel attirent le regard par le mystère qui s'en dégage, par la composition de son travail, ou le figuratif et l'abstrait s'allient, se coordonnent et s'unissent habilement. Des taches colorées contrastent avec des arrière-plans plus sobres. La quête du meilleur permet d'allier les conflits intérieurs des personnages avec le monde extérieur. Le visiteur est amené à entrer dans le caractère mystique du sujet et à trouver sa propre réponse aux questionnements soulevés.
Pour Jean-Pierre Ruel, il semble alors que la peinture n'ait plus pour mission de rendre compte des formes visibles du monde, elle serait investie comme une geste symbolique qui aurait à chercher des vérités ailleurs. Il faut ici alors s'affronter à cette même difficulté soulevée depuis Platon: comment porter au regard autre choses que des apparences, ni ne se réclamer d'aucun ordre du paraître de l'art. Voilà pourquoi Ruel n'a pas répondu à mes questions. Ils sont bien plus nombreux qu'on ne le suppose, ces artistes qui, dans un ailleurs des valeurs qui dominent, réussissent à faire vivre leur monde donnant à l'art des perspectives que les labels et les monnaies du jour ne savent saisir.
Pour autant, Jean-Pierre Ruel est un peintre, et son travail s'inscrit avant tout dans cette lignée. On a évidemment Diego Velásquez avec « les Ménines » – bien qu'elles fassent tout autant référence à Pablo Picasso – mais on pourrait aussi arguer qu'on le retrouve dans les jeux de regards des les toiles à plusieurs sujets. Vient ensuite Johannes Vermeer, dans le port de tête d'une fille. L'iconographie religieuse saute aux yeux: pose des personnages, utilisation de la couleur en aplat, jeu sur les perspectives et les gestes. Il en va de même avec ce que l'on appelle « arts premiers », nombre de visages semblant littéralement être des masques vivants. La toile est donc à considérer comme une hétérotopie, l'endroit où la peinture se dit. Et elle se dit ici avec maîtrise et humilité. On le voit dans les perspectives qui frôlent avec le cubisme mais n'oublient ni l'« Ophélie »de John Everett Millais ni la culture populaire (les habitants du Voyage Chirhiro, dessin animé de Hayao Miyazaki, semblent parfois à fleur de toile).
En 1999, il représente la France à la Biennale de Rome et, en 2003, il expose à l'Institut culturel français de Séville. Les choses vont bon train pour le peintre, qui a participé au Salon de Mai de Paris de 1996 à 2001 et à la Foire d'art de Paris, chaque année depuis 2002, excepté en 2004. Autre projet important, Jean-Pierre Ruel a réalisé, en mai 2003, une fresque monumentale durant le spectacle de Lambert Wilson Lettres à ma ville, présenté à Chalon-sur-Saône.
» [2] « Voyage du pèlerin », roman allégorique de John Bunyan, publié en 1678
Mais de quel endroit de son esprit surgissent donc ces personnages et tout ce petit bestiaire personnel? Pourquoi cette récurrence de têtes de poissons morts? Entre des thèmes religieux, des personnages et des intérieurs, des humains, des choses volantes et des choses qui marchent à quatre pattes, vivent. Les formes sont quelquefois difficiles à lire, et il faut en premier lieu se laisser séduire par l'application de la peinture et le visible bonheur que Ruel y prend: "Je travaille plutôt sur des personnages issus des mythes. Il se trouve que certains sont dans la mythologie chrétienne, mais je me suis aussi intéressé à d'autres mythologies. Concernant la série de peintures des ermites que j'ai envoyée à la Galerie D'Este, à Montréal, j'ai voulu donner le sentiment de personnages qui cherchent quelque chose à travers d'autres, en dehors de leurs temps. " Il y a aussi quelque chose de l'ordre de l'isolement et de la pétrification dans les tableaux du peintre, comme une forme d'angoisse latente et sidérée qui penche du côté des thèmes de l'enfermement, de l'absence et de l'errance.