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Beaumarchais: « Le Barbier de Séville ». Étude d'extrait Le commentaire composé et, dans une certaine mesure, la lecture méthodique invitent les élèves du lycée à présenter de façon synthétique et organisée la lecture d'un texte selon différentes perspectives. Cette séquence, consacrée au texte de théâtre, propose une démarche de lecture dont l'aboutissement sous forme de jeu dramatique représente une série de lectures cohérentes et sélectives d'une même scène. Elle peut faire prendre conscience aux élèves de la spécificité du texte dramatique envisagé comme une partition et les préparer, sous forme ludique, à une méthodologie qu'ils approfondiront au lycée. Analyse d'un extrait de la pièce de Beaumarchais: acte 2, scène 11. l'École des lettres septembre 9, 2021 Niveau(x) d'études: troisième Fichier(s) lié(s): Abonnez-vous pour acceder aux fichiers...
Avec jubilation, il saisit l'occasion d'une revanche, menée tambour battant. II - ESPACE DU JEU, ESPACE DU POUVOIR DANS LE BARBIER DE SÉ VILLE L'opposition extérieur/intérieur Qui veut être maître du jeu doit soumettre l'espace à sa loi. «Moi, j'entre ici », déclare Figaro au Comte, et cette formule conquérante le désigne comme le maître absolu des lieux (I, 6). Ceux-ci ont été conçus par le dramaturge pour rendre évident ce pouvoir dont le théâtre, au rebours de la vie « réelle », investit le valet. L'organisation spatiale de la comédie est en effet réduite à l'essentiel. Elle repose sur une simple opposition extérieur/intérieur: rue de Séville sur laquelle donnent des fenêtres «grillées », comme le précise le prélude didascalique au premier acte, et appartement de Rosine, dont la croisée « est fermée par une jalousie grillée» (acte II). Tout l'art de Figaro va consister à relier ces deux espaces, et à permettre à son patron d'investir l'espace clos du dedans. Sans Figaro, il y a fort à parier qu'Almaviva aurait encore longtemps déambulé sous les fenêtres de sa belle, car dès le premier monologue cette scène nocturne est présentée comme la répétition de beaucoup d'autres (« L'heure à laquelle elle a coutume de se montrer... », I, 1).
Une mise en espace de la maîtrise L'apparition de son ancien valet va arracher le Comte à cette réitération sans efficacité. Parce qu'il a ses entrées chez Bartholo, dont il est le barbier, Figaro, par sa maîtrise même de l'espace, va lancer l'action et affirmer son pouvoir sur son propre maître. Pénétrer dans la maison de Bartholo, c'est faire progresser l'intrigue en se jouant des grilles scellées aux fenêtres et de la puissance jalouse dont elles sont l'emblème. Toute l'action pivote autour de cet élément symbolique, la « jalousie », dont le double sens est ici largement exploité. Lorsque Figaro en détiendra la clef (III, 10), le dénouement sera proche. Le dispositif scénique du Barbier, resserré autour d'un lieu unique, la demeure de Bartholo, perçue de l'extérieur puis de l'intérieur, est donc une mise en espace de la maîtrise du valet. Véritable « passe-muraille », Figaro déploie le talent d'un stratège pour prendre d'assaut cette forteresse, comique parodie des châteaux de l'épopée.
Aucun des principaux personnages ne semble tenir en place, et aucun ne tient sa place: le grand seigneur est « Lindor », lui-même successivement déguisé en soldat et en maître de musique Rosine échappe à la tutelle de Bartholo et se retrouve comtesse avant que ce dernier n'ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait enfin, le valet est le meneur incontesté du jeu, avec une déconcertante autorité. Mille et une courses Ces déplacements sur l'espace du théâtre ne symbolisent pas seulement le brouillage des conditions sociales. Ils sont aussi révélateurs de la fougue qui anime les personnages et qu'Almaviva (« âme vive » selon son nom même) définit dès ses premiers mots: « chacun court après le bonheur » (I, 1). Et chacun y court à sa manière: le Comte en poursuivant une femme à peine entrevue de Madrid à Séville, Rosine en acceptant ce mari tombé du ciel sans s'interroger sur le bien-fondé moral de cet enlèvement, Figaro, en mettant au service de leur passion l'astuce acquise en parcourant « philosophiquement» les routes d'Espagne et les sphères de la société, et cette «joyeuse colère » qui le tient contre tous les censeurs et leurs abus de pouvoir.
III - LA PAROLE EN LIBERTÉ Si l'espace théâtral donne à voir le passage de la maîtrise entre les mains du valet, il donne aussi à entendre une parole libérée des contraintes de la réalité sociale. La faconde de Figaro, son art du récit, son sens de la répartie, le rendent maître du dialogue. Dans sa bouche, les traditionnels lazzis de la commedia dell'arte deviennent autant de mots d'esprit et d'insolentes maximes. L'infériorité provisoire du Comte l'oblige à entendre un certain nombre de vérités qui sonnent comme des défis envers la classe qu'il représente. «Aux vertus qu'on exige d'un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets? », « un grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal »: ces formules, dictées par une lucidité désabusée, jettent une ombre sur cette « comédie gaie », et laissent percevoir au-delà de la verve étincelante de Figaro son âpre expérience d'une réalité cruelle aux petites gens. Sa tirade contre la «république des Lettres », comparée à « celle des loups » (I, 2) doit être entendue comme une satire de la société entière, où règne la loi du plus fort, et où chacun doit rester à sa place sous peine de châtiment.
Figaro incarne le type du valet insolant qui possède un véritable esprit critique qui emploi un langage spirituelle et qui parvient ainsi à susciter la réflexion sur les injustices qui régisse l'organisation sociale et l'iniquité du comportement des grands. Le danger qui semble plané sur le comte au cour de cette scène constitue un excellent moyen pour le dramaturge Beaumarchais de soudé une complicité entre... Uniquement disponible sur