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Il se donne le droit de changer d'avis; c'est aussi cela être en vérité avec soi-même. On peut aussi remarquer qu'il a dit qu'il ne voulait pas y aller, pas qu'il n'irait pas. Le deuxième, lui, préfère mentir à son père. Il ment peut-être également à lui-même, passant sa journée à trouver des excuses et se répéter que oui il ira, mais « tout à l'heure... ». On peut imaginer qu'il pensait vraiment y aller, par obéissance de principe. Disant oui mécaniquement, sans comprendre la nécessité de la requête, le besoin de son père, ne l'a pas aidé à se motiver! Est ce que je suis capable d'écouter ce dont j'ai envie ou pas? Est ce que je sais l'exprimer sincèrement à ceux qui me sollicitent? Puis-je écouter mes sentiments sans qu'ils instaurent une dictature? Comment est-ce que je reçois les besoins et les sentiments d'autrui? Ils m'écrasent, je les balayent, ils m'influencent? Est ce que je me donne le droit de changer d'avis? Jésus compare ensuite les pharisiens avec qui ils discutent au deuxième fils.
Nous est-il arrivé de revoir un grand ami ou une grande amie après de longues années sans contact? Si oui, n'avons-nous pas alors laissé dans le passé les incompréhensions ou tensions, petites ou grandes, qui étaient apparues autrefois? Dans notre joie de rencontrer cet ami, n'avons-nous pas alors entrevu, plus ou moins consciemment, que nous avions, de fait, pardonné à l'autre et que l'autre nous avait pardonné? Dans la parabole des deux fils, notons que de retour à la maison paternelle, le fils cadet déclare: « Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. » Il avait l'intention d'ajouter: « Traite-moi comme l'un de tes ouvriers », mais le père l'interrompt. Comme pour le fils prodigue, c'est une bonne chose, c'est même nécessaire de reconnaître son péché, en disant: « Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi », alors que « Traite-moi comme l'un de tes ouvriers » est une conséquence qui ne s'impose pas du tout; c'est pourquoi le père ne laisse pas le temps à son fils d'exprimer cette conséquence erronée.
Si l'on connaît bien les paraboles du Fils prodigue (qui évoque aussi deux enfants) et celle des Vignerons homicides (qui parle également d'aller travailler dans une vigne), la parabole des deux fils est largement méconnue. Il faut dire qu'elle ne se comprend pas sans la situation complexe qui la précède et qui est comme un jeu du chat et de la souris dans lequel la souris serait devenue le chat. Les grands prêtres piègent Jésus Dans le Temple, les grands prêtres et les anciens sont en embuscade et demandent à Jésus par quelle autorité il accomplit ce qu'il accomplit. Celui-ci leur répond en les piégeant à leur tour: il leur demande si Jean baptisait avec l'autorité de la terre ou celle du ciel. Ses contradicteurs éventent le stratagème: « Si nous disons: "Du ciel", il nous dira: "Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? " Et si nous disons: "Des hommes", nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » (Matthieu 21, 25-26) Ils ne répondent pas. Jésus leur tend alors un second chausse-trappe avec sa parabole et cette fois-ci les prend à leur propre piège.
Si l'on en croit ce passage, Dieu n'est pas très formaliste, il est surtout pragmatique. Régis Burnet est professeur de Nouveau Testament à l'Université catholique de Louvain (Belgique).