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Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir; il descend; le voici: Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici, Loin d'eux. Le Crépuscule du Matin, Charles Baudelaire. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées; Surgir du fond des eaux le Regret souriant; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Quant aux « filles » (v. 14), au lieu d'être sensuelles et réconfortantes, elles agissent comme des vampires dont les « matelas d'aiguilles » (v. 13) percent le corps du poète pour s'y abreuver. La répétition des termes « vin » et « amour », la première fois dans un essai d'action et la deuxième fois pour évoquer une désillusion, dit finalement que tout consolement est un vice aux belles allures. L'omniprésence du rouge symbolique Le rouge hante tout le poème, évoqué par différentes images: le sang dans la première strophe (« Il me semble parfois que mon sang coule à flots » v. 1), un liquide envahissant comme un poison mortel dans la deuxième strophe (« Et partout colorant en rouge la nature » v. 8), l'alcool dans la troisième strophe (« J'ai demandé souvent à des vins captieux » v. Dans le sommeil, ce voyage aventureux de tous les soirs, il y a quelque chose de positivement miraculeux ; c'est un.... 9), et l'amour charnel dans la quatrième strophe (« Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles » v. 13). Ce rouge s'insinue partout, coulant de vers en vers grâce aux rimes suivies, mais il est vicié.
La musicalité apportée par les allitérations en « l », la comparaison de la fontaine et la métaphore du sang qui voyage tristement comme un Hugo endeuillé, dépeignent un paysage macabre et fantastique empli d'une beauté presque pastorale, ressentie surtout dans le second quatrain. Les exclamations aux vers 11 et 14, les 7 pronoms personnels et pronoms sujets de la première personne finissent de témoigner de tout le lyrisme du style. II. Des essais vains pour s'y soustraire A. Les paradis artificiels qui se muent en enfers La date de l'écriture des premiers poèmes des Fleurs du Mal corrèle avec l'époque à laquelle Baudelaire commença à s'initier aux substances, notamment l'absinthe qui le rendait manifestement plus créatif (raison pour laquelle il continua d'en consommer, ce qui détériorera son état de santé), ainsi que l'opium. Dans ce poème, durant les deux derniers tercets, Baudelaire fait référence à deux de ses addictions à savoir l'alcool (« le vin » v. Poème sommeil baudelaire les fleurs du. 11) et les plaisirs charnels (« l'amour » v. 12).